Maladies rares : comprendre, soigner, accompagner

Les maladies rares touchent 4 à 5 millions de personnes en France ; c’est à peu près autant que le diabète. Ces pathologies, méconnues et complexes, posent d’importants défis médicaux et humains. En tant que centre coordonnateur, le centre de maladies rares REFERET de l’Hôpital des 15-20 joue un rôle clé dans la recherche, le diagnostic et le suivi des patients atteints de maladies rares de l’œil.

Selon la définition de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), une maladie est dite rare lorsqu’elle concerne moins d’une personne sur 2 000. Cela représente plus de 7 000 pathologies souvent graves et invalidantes. Parmi celles qui touchent l’œil : la rétinite pigmentaire, caractérisée par une perte progressive de la vision périphérique et nocturne, ou la maladie de Stargardt, qui affecte la rétine centrale et altère fortement l’acuité visuelle. Près de 80 % de ces maladies sont d’origine génétique et peuvent survenir à tout âge. Elles entraînent souvent des handicaps visuels irréversibles, bouleversant la vie personnelle et professionnelle des patients.

Structurer la prise en charge

Dès 2004, la France s’est dotée de Plans Nationaux Maladies Rares (PNMR), une initiative pionnière en Europe. Avec trois plans déjà réalisés et un quatrième en cours, les PNMR ont permis de structurer des centres de référence et de compétences, regroupés au sein des Filières de Santé, pour coordonner les soins et harmoniser les pratiques. Les 15-20, parmi les premiers centres de référence labellisés, sont spécialisés sur le périmètre des maladies neuro-rétiniennes. « Réduire l’errance diagnostique reste l’un de nos défis majeurs, affirme le Pr Isabelle Audo, responsable du centre. Trop de patients sont dans l’incertitude, ce qui engendre une détresse psychologique et retarde les soins. » Très orienté vers la recherche, le centre de maladies rares REFERET de l’hôpital bénéficie de son expertise de son lien étroit avec le Centre d’Investigation Clinique et de sa proximité avec l’Institut de la Vision.

La recherche au cœur du combat

Deux axes principaux guident les travaux des ci centre de maladies rares des 15-20 : analyser l’évolution des pathologies et développer des thérapies innovantes.

Pour combattre une maladie rare, il faut d’abord mieux la comprendre. Cela passe par des études d’histoire naturelle qui permettent d’observer l’évolution des pathologies grâce au suivi intensif de certains patients. « L’objectif est de documenter la progression des maladies, d’identifier des marqueurs pertinents et de poser les bases préalables à tout essai thérapeutique. », explique le Pr Isabelle Audo. De plus, ces observations permettent d’évaluer l’impact des maladies sur la vie quotidienne des patients et d’anticiper les besoins en termes de prise en charge.

Ensuite, de nombreux essais thérapeutiques sont menés, souvent en collaboration avec des industriels, notamment autour de la thérapie génique qui occupe une place centrale. « Nous avons été l’un des premiers centres, hors États-Unis, à utiliser le Luxturna pour une forme particulière de dystrophie rétinienne. C’est le seul traitement de thérapie génique actuellement autorisé en France, précise le Pr Audo. Depuis 2018, 28 patients en bénéficient. » Basé sur l’injection d’un virus inactivé sous la rétine pour améliorer la vision nocturne et l’autonomie dans la pénombre, ses résultats sont prometteurs : certains patients voient leur dégénérescence stabilisée, d’autres constatent un ralentissement de la progression de la maladie. Mais le recul reste limité et les défis nombreux car, avec plus de 310 gènes impliqués dans les pathologies rétiniennes, il est impossible de les cibler un par un.

C’est pourquoi les chercheurs explorent des stratégies génétiquement indépendantes, comme l’étude Prodigy, qui étudie le rôle des photorécepteurs dans la rétine. « Nous avons découvert que les bâtonnets, qui permettent de voir dans l’obscurité, jouent un rôle clé dans la survie des cônes qui sont, eux, responsables de la vision de jour et la vision précise, détaille le Pr Audo. L’étude Prodigy vise à tester une approche de protection des cônes pour ralentir la perte de vision de jour. » Actuellement en phase 1/2, cet essai suscite beaucoup d’espoirs.

Chaque progrès est un pas de géant, mais nous restons très prudents car les attentes des patients sont immenses. Comprendre leur pathologie, anticiper leurs besoins et leur offrir des solutions concrètes, c’est le cœur de notre mission

Pr Isabelle Audo

Accompagner l’autonomie

Le projet d’éducation thérapeutique sur la rétinopathie pigmentaire, animé par de notre équipe pluridisciplinaire, permettra aux patients d’aborder plusieurs thèmes : la compréhension de leur pathologie ; la gestion des impacts psychologiques ; l’accès à leurs droits (indemnisation et maintien dans l’emploi) ; les adaptations du quotidien pour développer l’autonomie ; la recherche clinique. Chaque session, réunissant une dizaine de participants, créera un espace pour poser des questions, partager son expérience et découvrir des outils concrets vers plus d’autonomie.

Pour aller plus loin, le centre de maladies rares des 15-20 s’appuient sur l’expertise unique des patients partenaires. Arthur Aumoite, lui-même porteur d’une maladie rare, est l’un d’entre eux. « Je viens proposer aux patients d’être impatients, affirme-t-il. Il ne faut pas tout attendre de la recherche. Cela peut être long et source de découragement alors que, malgré les limites imposées par la maladie, il existe déjà des solutions pour mieux vivre au quotidien. Je me souviens d’un monsieur qui pensait qu’il ne pourrait plus jamais lire sur son écran de smartphone. Ensemble, on a exploré les réglages. Rien qu’en ajustant quelques paramètres de zoom, de contraste, de police de caractère et en téléchargeant une application gratuite de reconnaissance d’image, tout a évolué pour lui ! » C’est la force de l’approche des patients partenaires. Loin d’un discours médical ou d’un regard social qui s’arrête à « vous ne pouvez plus… », ils proposent des solutions accessibles immédiatement.

A notre manière, nous sommes des chercheurs du quotidien : nous avons testé, avancé, parfois échoué. Et ce savoir pratique, nous venons le partager

Arthur Aumoite, patient partenaire

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